Lundi 22 septembre 1 22 /09 /Sep 08:01
Mon doux marin,

La mer t'as repris en capitaine sur le pont de ton voilier qui repose désormais au plus profond du silence abyssale.
Je ne peux, en égoïste, retenir les larmes qui me noient, jalouse que je suis des algues qui toujours te berceront.
Je ne sais plus désormais que faire de mes bras qui n'étaient faits que pour enlacer ton cou puissants, de mes mains qui n'aimaient que sentir le grain de ta peau sous leurs doigts fins.
C'est à la mer qu'est ton éternité. La noce était pour juillet.
Ô cruelle marée, ô triste mariée.

Tu es mort mon matelot et ta mouette se tait dans mes cheveux battus par le vent.
Cela fait deux jours, parait-il, que je te pleure. J'erre dans le port et je ne reconnais rien.
Je me perds dans nos rues, hurlant à la mort avant d'éclater du rire des folles.
Quelle sinistre farce : folle la louve veuve du jeune loup de mer.

Mais déjà la lune monte, ronde et pleine comme mon ventre, blafarde comme mon teint de «presque-morte».
Je sais désormais où je vais et je tenais par la présente à t'annoncer ma venue. Mes pas me portent à la plage que je longe jusqu'au phare, trébuchante, mes souliers pleins du sable humide et froids si souvent témoin de nos amours.

La lune est haute à présent et me défie. Ce qui suit je l'ai par deux fois rêvé, je sais que c'est ainsi que tout se déroulera. Après avoir signé cette lettre, je quitterai mes haillons humides, et c'est nue que je marcherai vers l'eau glacée.
En y entrant mes larmes me réchaufferont mais nul spasme n'agitera mon corps par trop sanglotant. L'enfant aura compris et s'apaisera en moi. Je continuerai d'avancer, une main sur mon ventre, l'autre tendue devant moi pour saisir la tienne car je la vois déjà.

L'air me manquera, il paraît que l'on panique et que c'est en cherchant à respirer que l'on se noie.
Moi je resterai calme. Sereine, je m'immergerai même si les forces commenceront à manquer. Je sentirai alors que le petit t'aura rejoint avant moi et j'attendrai. L'espoir de te retrouver m'enivre et je jouirai comme jamais de sentir le sang affluer pour la dernière fois. Tout se troublera.
Et j'épouserai la mer comme tu l'as fait, et j'épouserai la mort pour t'épouser mon matelot, mon Breton.

Mais il est temps, à présent, d'apposer l'ultime paraphe et d'envoyer le messager au devant de mon amour.
L'amour, l'amer, la mort, qu'importe désormais puisque c'est vers toi, à tout jamais, que me porte la houle. C'est l'ultime mal du manque de toi qui m'assaille et me pousse à faire vite car je ne puis plus attendre.
Et l'aube me déchire.

Tendrement, douloureusement, infiniment,

Ton aimée.
Par Mademoiselle Winola - Publié dans : Les Correspondances Amoureuses
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